par Cathy Bou
C’est avec enthousiasme que je me suis engagée pour ce projet Humanitaire, il m’aura fallu quelques minutes pour y réfléchir, quelques jours pour intégrer l’association. C’est l’histoire d’une rencontre qui fait la différence, ce mec avec son casque de moto et sa caméra au poing, vous vous souvenez, Nour, pour les intimes. Le capitaine de Humanity France vous touche, vous embarque.
Je me suis retrouvée 6 mois plus tard secrétaire, toujours avec enthousiasme.
L’engagement est palpable mais reste à la hauteur de ce que je peux apporter, un peu d’intendance et du secrétariat.
Vous savez j’ai la phobie de finir à la rue, une éternelle trouille, qui m’incite à contribuer et éviter le au cas où cela m’arriverait.
Comme ça je ne serai pas seule, Humanity France, Nour et sa bande me sauveraient de cette décadence.
Il y a un peu aussi de mon empathie naturelle, comment notre société soit disant évoluée, peut elle encore laisser des femmes et des hommes dépourvus vivre dans la rue ? Les images choquent, sur le pas de porte d’un magasin d’une maison de luxe, un homme plante son matelas, son sac et dort oublié de tous, souvent ivre et crasseux.
Alors je m’engage, tu t’engages, bénévole d’Humanity France parce que c’est moins anonyme que les autres associations, je connais le président et quelques autres bénévoles.
Et puis le temps passe, mon travail me prend plus de temps que prévu. Je vis loin du QG de l’association. Et je perds le sens, ne faire que de l’administratif quand les autres collectent, maraudent, bref sont actifs, et que d’autres continuent de crever la dalle.
ça me révolte, me sidère et je commence à me sentir impuissante, inactive, je ne comprend plus pourquoi ? mais je ne peux quand même pas aller sur le terrain, à chaque maraude, j’ai des nausées, le dégoût m’envahit. Je suis coincée, mon engagement se délite. Je ne trouve plus de sens à faire le secrétariat et je ne peux pas aller sur le terrain.
La tête baissée, avec une grande difficulté, je décide de me désengager.
Mais que c’est dur, je me déçois, je me “fustige” : comment tu ne peux pas ? Comment tu démissionnes ? Quelle honte !
Pas besoin du regard des autres, le mien est sévère. Je mettrais six mois avant de l’annoncer et un an pour mettre un terme à mon engagement.
C’est avec l’esprit penaud que je me suis désengagée de ce projet Humanitaire, il m’aura fallu quelques semaines pour y réfléchir, des mois pour démissionner.
Alors pour moi, s’engager c’est l’histoire d’un coup de cœur, d’une pulsion, d’une rencontre, se désengager c’est un souffre douleur. Aujourd’hui encore, je suis là, tapie, je regarde, j’anime les ateliers sur ce thème si sensible qui montre la difficulté d’une association à conserver ses bénévoles et la difficulté de certains à s’engager pour ne pas se désengager, la difficulté d’autres à se désengager parce que l’engagement rime avec loyauté.
Mais dans tout cela qu’en est-il de la liberté ? Ne sommes nous pas tout simplement prisonniers de nos propres principes.
S’il était facile de se désengager, ne serions nous pas plus nombreux à nous engager ?
S’il était difficile de s’engager, ne serions nous pas moins nombreux à nous désengager ?
Ne serait-ce pas une tendance de notre époque ? Ne facilite- t- elle pas le désengagement (démissions, désengagement, divorce..), ne favorise t elle pas le zapping ? La diversité des choix, la multitude d’acteurs y contribuent aussi.
Combien de temps mettez-vous à choisir votre prochaine série ? et même si elle est mauvaise, certains iront-ils jusqu’au bout ?
Et s’il en était de même pour une association, mettre du temps à la choisir et y rester malgré tous les écueils.

