N comme Novembre, N comme Naïveté

By Nour KHALFAT

J’ai peur des invisibles, ces mirages créés par mes volets verts en plastique, sous les éclairages de la rue. Sous ma couette, je m’enfonce, me protégeant.

Ce matin, brumeux et froid avec une lumière claire, cul sec, je bois mon café noir sans sucre avant d’enfourcher ma moto. Sur l’autoroute A3, je croise ces ombres lorgnant le long de la rambarde. Des êtres sombres, des tenues impropres, des zombies remontent le train des voitures bouchonnant en tendant leurs armes: un gobelet fébrile. 

Pluie battante, je me gare sous le pont pour enfiler ma combinaison. Une silhouette s’approche de moi, me parle, je n’entends rien. Elle insiste, me tendant sa sébile. Je ne la regarde pas. Pour me protéger, elle me tend son parapluie. Je me change rapidement. Je suis en retard. Je décolle …Vroum vroum…

Mon équipe m’attend dans la salle de réunion, et j’explique le pourquoi de mon retard. 

  • Et comment s’appelait cette charmante personne qui vous a aidé ?
  • Je ne sais pas.

Qui était cet homme ? Que voulait-il pourquoi m’a t il aidé ? Je passe tous les jours depuis sept ans et je ne l’avais jamais vu ? Que fait-il ici ?

Je suis un homme pressé, impatient, toujours à la recherche de la performance opérationnelle, économique, jamais le temps de répondre à mon frère ou ma sœur au téléphone ou d’échanger tranquillement avec mes amis. 

Départ de Guyancourt et je fonce sur Paris. Il pleut toujours.

Arrivé Porte de Bagnolet, je cherche cette ombre qui remonte la voie des voitures au ralenti. Je fais demi-tour et je vais à sa rencontre.

  • Je suis passé ce matin, vous m’avez protégé avec votre parapluie. je ne vous ai pas répondu et je ne connais même pas votre prénom.
  • Oskar, je m’appelle Oskar.
  • Que faites-vous ici ?
  • Je vis ici. 

Il me désigne une tente avec sa main.

  • Il pleut, il fait froid, vous ne pouvez pas rester ici !?

Il me sourit. 

  • Je vis ici depuis six ans
  • Quoi !?
  • Oui, avec ma femme Héla,  ma fille Sacha et mes parents.
  • Comment !?

Je me retrouve dans la petite tente avec sa famille. Je partage un thé chaud tout en écoutant leurs histoires. Oskar vient de Bulgarie, il travaille au marché de la porte de Montreuil. Héla est auxiliaire de vie et Sacha est scolarisée à Bagnolet.

Oskar, un ancien motard, sait à quelle heure je pars travailler, il adore ma moto, une BMW K1600. Il a l’habitude de me regarder passer, avec l’impression de me connaître, me dit-il, un sourire réservé au coin des lèvres. 

Je les regarde avec candeur.

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