– By Nour KHALFAT –
9h du mat, les yeux collés par la fatigue, le corps meurtri par le froid, les vêtements trempés et boueux, raidi par les courbatures, mon premier réflexe est de me jeter sous la douche italienne bien chaude aux jets balnéos. Mes pieds s’agrippent au caillebotis en teck, savamment posé sur le carrelage, en souvenir de ma côte brisée. Face au miroir, en tenue d’Adam au profil brioché, je m’auto-congratule et vérifie ma calvitie bien probante. Les serviettes méticuleusement posées sur l’échelle en bambou, attendent ma sortie.
J’enfile mon peignoir blanc épais, mes charentaises quadrillées écossaises, pour enfin glisser sur mon canapé pour une partie d’échecs sur un fond jazzy.
Quand vient enfin le moment de glisser sous ma couette embaumée au savon de marseille. Elle me semble désormais si douce. Je ne m’en étais jamais aperçu. Le coussin carré s’enfonce sous la lourdeur de ma tête. La température ambiante est tropicale, il fait humide sans aucune pluie dehors.
Je savoure de longues minutes ce confort si habituel.
Nour-mal me direz-vous ? Pas pour tout le monde.
Dormir dans mon lit, c’est bien la meilleure sensation que je connaisse, avec celle de mes pieds posés sur le tapis nuancé de gris.
En toute confidence, en hiver, je flâne des heures sous ma couette, le plaid sur le bord du lit pesant chaudement sur mes pieds et mes mollets. Sentir la chaleur de mon corps blotti, je kiffe, et une sensation douce de plénitude m’envahit. Un cocon, une posture placentaire…
Nour dormons un tiers de notre temps. Nour dormons tous les jours. Nour dormons chez nos amis. Nour dormons à l’hôtel. Nour dormons dans le bus. Nour dormons dans le métro. Nour dormons dans l’avion. Nour-mal non ?
Et eux, dehors ?
Selon l’INSEE
“Début 2012, 103 000 adultes ont utilisé au moins une fois les services d’hébergement ou de restauration dans les agglomérations de 20 000 habitants ou plus. Parmi ces personnes, 81 000 adultes étaient sans domicile ; ils étaient accompagnés de 30 000 enfants. Plus de la moitié de ces adultes étaient de nationalité étrangère. En incluant les 8 000 sans-domicile des communes rurales et des petites agglomérations et les 22 500 personnes en centres d’accueil pour demandeurs d’asile, 141 500 personnes étaient sans domicile en France métropolitaine début 2012, soit une progression de près de 50% depuis 2001.”

bon choix d’image pour illustrer ce texte très suggestif et nous rappelant notre confort quotidien auquel nous ne faisons plus attention !
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This is a great bloog
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