– By Sabrina Meghaoui –
Nous partions très tôt le matin. Nous sentions la terre encore humide par la rosée. La fraîcheur des premières heures me faisait frissonner qui aussitôt s’en allait quand il me frictionnait.
Je me souviens de ce silence au-dessus du village, le silence des gens qui dorment encore. Le bruit de nos chaussures résonnait sur les sentiers et le chant des oiseaux réveillait doucement la nature.
Tous les étés avec mon père, nous partions à l’aurore. Je m’installais dans le creux de ses bras chauds, et tout bas il me disait:
- Regarde bien, c’est le résumé de la vie !
Les nuages roses orangés se mêlaient les uns aux autres, s’épousaient? et doucement s’étirait le soleil au-dessus des montagnes de Djurdjura.
Face aux épreuves que nous ne pouvons empêcher parfois, c’était là, la réponse de mon père:
- Ca ira, demain le soleil se lèvera.
Esprits condamnés aux soucis, il cherchait l’opposé à tirer des épreuves vécues.
Nous sommes aujourd’hui mondialement plongés dans une crise multiforme.
Nous écrivons une page de l’histoire.
La vie en temps de pandémie, la crise économique et sociale, énergétique, alimentaire, écologique, la crise salariale… et bla et bla et bla
Plutôt déprimant dit comme cela non ?!
Forcée de constater que beaucoup vivent très mal ces temps modernes, j’ai envie de vous dire que ce n’est pas grave, c’est juste que nous avons oublié, que demain le soleil se lèvera.
Notre existence est bien réglée, bien ordonnée, chacun d’entre nous est à sa place et même si nous ne sommes pas toujours satisfaits par nos vies, la routine se veut familière, rassurante.
C’est vrai, oser c’est suivre une intuition plutôt qu’une conviction. C’est de se mettre en danger et peu d’entre nous sommes capables de payer ce prix, pourtant pour ceux qui acceptent, les possibilités sont étonnantes, elles peuvent changer l’ordre des choses, défier l’impossible, apporter le progrès.
Pourquoi l’humanité suit passivement ce qu’il se passe ?
Pourquoi ne croit-elle plus en son pouvoir individuel pour améliorer le collectif ?
Pourquoi manque t-elle cruellement d’imagination et d’audace ?
Pourquoi a-t-elle peur de grandir ?
A t-elle oublié à ce point ? Ne connaît-elle plus les exacts opposés qui permettent au monde de fonctionner : comment connaître le mal sans le bien, le chaud sans le froid, le haut sans le bas, ici sans là-bas, maintenant sans jadis, il nous faut traverser des épreuves, cette épreuve !
Victor Hugo disait : “jeune gens ayons bon courage, si rude qu’on nous veuille faire le présent, l’avenir sera beau ”
Il m’arrive à moi aussi parfois de perdre espoir, face aux interrogations de mon fils :
- Maman, comment ce sera demain ?
J’ai envie de lui répondre que demain le monde sera comme il le voudra.
Pourtant, je sais qu’il sera déçu, qu’on lui mentira pendant qu’il croit l’être humain sincère.
Que parfois il sera l’accusé à la place du coupable, parce que la faiblesse et la peur des uns font la tristesse des justes, que sa gentillesse sera piétinée par les mals aimés et que son bon sens sera pointé du doigt et moqué par des ignares trop diplômés. Que les dirigeants de ce monde arrivent toujours à faire ce qu’ils veulent finalement.
- Maman, mais alors où sera ma place ?
- Une chose est sûre, elle sera là où la vie est simple.
Depuis la nuit des temps nous avons réussi à surmonter les épreuves qu’elles émanent de la nature ou de l’homme.
Soyons de ceux qui font le pari d’un nouveau monde, les acteurs pour demain : penseurs, agriculteurs, chercheurs, ingénieurs, bénévoles d’ONG.
Savez vous comment les homards grandissent?
Pas très intéressant me direz vous.
Mais j’y viens.
Dans un documentaire un homme expliquait ceci:
Le homard est un crétacé mou qui vit à l’intérieur d’une carapace rigide.
Cette carapace rigide ne grandit pas, alors comment évolue-t’ il?
Quand il grandit sa carapace devient très emprisonnante.
Il se sent sous pression et se sent inconfortable.
Alors il se cache sous un rocher pour se protéger des prédateurs, puis il se débarrasse de sa carapace pour en créer une nouvelle.
Mais de nouveau, il va se sentir inconfortable car il va continuer de grandir, mais la carapace est toujours petite. Il répète ce procédé plusieurs fois.
Le stimulus du homard est qu’il doit se sentir confortable.
Il n’endort par son mal être par du divertissement ou des substances chimiques.
Il a besoin de se sentir pleinement inconfortable pour jeter sa carapace et grandir.
N’ayez pas peur de grandir, d’oser et de créer en ces temps de confinement, d’épreuves.
Si vous rencontrez des problèmes, l’association https://onghumanityfrance.fr/ peut vous venir en aide sur le plan alimentaire, recherche d’emploi…
Mais n’oubliez pas, tout ira bien : demain, le soleil se lèvera.
Et puis, si le défi n’était pas d’éviter la mort, mais de rester éveillé pendant que nous sommes vivants.

Un avis sur « F comme Février, F comme Face aux épreuves »