M comme Mai M comme Metro

– By Cathy Bou –

Métro, boulot, dodo-errances, métro, dodo

Tu prends le métro souvent, trop souvent, tu voudrais ne plus le prendre, mais il faut bien gagner ta croûte, alors voilà, tu patientes dans le métro, trop lentement. Tu voudrais bien flâner mais on ne flâne pas dans le métro, on erre. C’est là que je les vois le plus, les invisibles, ils m’accrochent l’âme. Je ralentis pour te donner une miette et je me fais bousculer par la foule qui se hâte au boulot. Et toi, là, assis, tu stationnes dans le métro à un croisement de couloir avec ton bardage.

Je m’accroupis quelques instants près de toi, tu es surpris, tu bavardes peu.

  • Salut ! 
  • Ouais …Salut !
  • Comment tu t’appelles ?
  • Francis 
  • ….Que fais-tu ici ?
  • Tu vois bien non ?
  • Heu… oui, désolée, mais pourquoi t’es là ?
  • Y a d’autres questions à me poser, m’dame ! 

heu…. si sûrement mais t’es pas obligé de répondre !

Un long et pesant silence s’installe, en plus c’est inconfortable, à genoux, alors maladroitement je m’installe à ses côtés, comme lui.

La vue est tragique, la foule avance mécaniquement, les jambes à la même cadence s’enchaînent. Je lève les yeux pour voir les têtes, toutes figées, les yeux rivés droits devant. Une jambe me frôle le genou droit, elle trébuche, se tourne et un regard dédaigneux m’explique que 10 secondes de perdu, c’est un métro raté.

  • Tu devrais pas rester là, c’est pas une place pour toi, et puis tu me fais de l’ombre !
  • Heu désolée, mais, je suis fatiguée de courir dans ce métro. 
  • T’as qu’à pas le prendre.
  • J’ai pas le choix, faut que j’aille au boulot 
  • T’as de la chance !
  • Pourquoi ?
  • Non rien
  • T’as besoin de quelque chose ?
  • Oui un boulot et mon gosse

Un soupir m’informe qu’il vient de peser ses mots, il en a sûrement trop dit.

  • Y a 6 mois, j’ai perdu mon boulot chez Total ! de toutes les manières ça n’avait pas de sens. Déjà que j’avais quelques soucis de couple, ma femme est partie avec mon gosse, elle m’a pris le peu qui me restait. Et là tout dégringole, fais gaffe ça va vite trop vite,  j’ai dormi dans ma voiture, je me lavais à la piscine, tu vois avec les autres. J’avais plus d’argent, je l’ai vendue et maintenant je dors à l’hôtel. En plus, souvent je me perds dans le métro, j’ai l’impression d’être un fantôme. 

Songeuse, j’écoute abasourdie, il y a seulement quelques mois il avait encore un toit! Un frisson touche mon échine, le métro arrive, ça vibre fort sous le capot ! C’est vrai, les plombs je les pète souvent moi. Je reprends ma route perdue dans mes pensées et je me perds dans le métro. Ce n’est pas la première fois mais …

Je suis percutée, ça aurait pu être moi.

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