– By Bahia SELLAH –
Deux inconnus échangent quelques mots dans un lieu public quelconque et ordinaire, un commerce de proximité ou encore une gare, dans un quartier populaire comme nous en connaissons tous en région parisienne ou ailleurs.
L’un propose à l’autre de l’aider à aider quelqu’un dans le besoin qu’il ne connaît pas, comme ça au feeling, au cas où ça l’intéresserait… L’autre demande à un inconnu comment il va et s’il a besoin de quelque chose de particulier.
Un samedi après-midi pluvieux et gris, quelques sujets de réflexion qui vont avec ce type de journée : le froid, la détresse, la folie, la faim, la soif, la vie dans la survie.
Pire que pas de chez soi, les véritables souffrances, ce sont l’invisibilité, le manque de considération, l’hostilité et la pitié (quand ce n’est pas la méfiance). C’est aussi le rapport aux autres complètement altéré – ironie du sort quand on sait que c’est dans ce type de situation qu’on a le plus de besoin de se lier aux autres – et quand on sait qu’au-delà de tout cela… dans un monde parallèle qu’on ne peut découvrir qu’en s’approchant plus près, on aperçoit chez cet autre un côté « même pas mal car ça pourrait être pire », un côté « hyper reconnaissant exacerbé » pour un simple bonnet, pour des serviettes hygiéniques reçus comme un super cadeau, quelques paroles ou un café chaud, un côté « solidaires-chacun pour soi, à la vie, à la mort car dans la rue, on a pas le choix »… un côté « philosophe »… un côté « on prend la vie comme elle vient en attendant des jours meilleurs »…
Le secret d’une maraude réussie, c’est qu’il n’y a pas de secret.
Tout est prétexte pour rétablir, réparer ou recréer même furtivement le lien avec l’autre.
Partir du principe que l’autre, ça pourrait être nous. Et appliquer la seule règle d’or qui mérite d’être appliquée : « traiter les autres comme on voudrait être traité soi-même »… considérer les autres pleinement, agir envers eux humainement, respectueusement, dignement… s’adresser à eux normalement, simplement, naturellement… leur parler avec les dispositions positives et constructives avec lesquelles on aimerait qu’on nous parle.
L’autre, c’est moi… c’est un reflet de moi projeté sur une autre réalité qu’on ne peut pas ne pas voir… c’est une partie de moi et d’humanité dans une autre dimension.
L’enfer, ce n’est pas les autres… l’enfer, c’est l’oubli, le déni ou le rejet de l’autre.
